Eden is van iedereen

Le Grand Bal Blanc, un événement à vivre absolument ! On vous explique pourquoi…

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Envie de participer à une fête singulière ? Un bal costumé, extravablanc, au Pays Noir, traversé par une douce folie ? Alors, poussez les portes de l’Eden ce samedi 3 novembre dès 21 heures. Coiffeurs, maquilleurs et costumiers de cinéma seront présents pour mettre la touche finale à votre tenue. Au programme également : un défilé pas comme les autres…

 

Le Grand Bal Blanc, c’est une expérience unique : une fête extravablanche au Pays Noir. Un shoot de blancheur et de joie au crépuscule des jours les plus sombres… « Celles et ceux qui ont participé aux précédentes éditions du Grand Bal Blanc peuvent le confirmer : dans l’enceinte immaculée, on a l’impression de vivre quelque chose d’irréel, d’être dans un songe, explique Fabrice Laurent, le directeur de l’Eden. Et d’une édition à l’autre, la fête se veut de plus en plus folle. Beaucoup invitent leur entourage à tester le concept l’année suivante. Les vidéos et photos qui circulent sur les réseaux attirent aussi de nouveaux participants. D’où cet effet boule de neige… »

Scandaliser le blanc

L’an dernier, quelque 700 personnes, intégralement vêtues de blanc – certaines habillées, d’autres déguisées – ont pris part aux festivités. Celles-ci s’ouvrent systématiquement sur un défilé, valorisant le talent des participant.e.s aux ateliers d’arts textiles animés par le centre d’expression et de créativité de l’Eden dans les espaces citoyens du CPAS de Charleroi. « L’idée du Grand Bal Blanc est née dans ces ateliers, explique Daniele Bossi, le styliste éco-créateur qui les anime. On cherchait à monter une activité socio-artistique mettant en lumière le travail des participant.e.s. Un rendez-vous motivant qui tomberait assez vite dans la saison. Au moment d’Halloween… Pourquoi pas un contre-pied, alors ? Une démarche culturelle spécifique au territoire, plutôt qu’une fête commerciale américanisée. Un cortège blanc dans la nuit noire. Une fête blanche au Pays Noir ! »

 

Labo d'arts textiles @Espaces Citoyens

Dès 21 heures, ce samedi, une marée blanche déferlera sur l’Eden. Le défilé des membres des ateliers d’arts textiles ouvrira symboliquement le bal. Un moment étonnant ! Comme le souligne Daniele Bossi : « Le blanc, ce n’est pas parce qu’il est associé à la sagesse, la pureté, la virginité, qu’on ne peut pas le scandaliser ! On a travaillé cette année sur la thématique « extra » – l’extraféminin, l’extramasculin, l’extravagance… –, dans une démarche d’upcycling. Notre ambition : montrer qu’il est possible de créer des choses extraordinaires à partir de pièces exclusivement récupérées. Des vêtements et des accessoires de mode, mais aussi des tissus, voilages, matières plastiques, films à bulles, morceaux de frigolite, plumes, papiers, emballages et autres sachets. Autant de matériaux qui appellent à l’expérimentation ».

 

Se rassembler sur un pied d’égalité

Et de fait, dans les ateliers, autour de grandes tables, de tasses de café et de toutes sortes d’étoffes et objets blancs, des dizaines de mains découpent, assemblent, collent, cousent, crochètent, tricotent… « On a de la chance d’être encadrées par un styliste aux idées farfelues », sourit Christiane, tout en confectionnant son futur chapeau oiseau. Et Marie-France d’enchaîner : « Ici, on échange des conseils, on apprend certaines techniques… et surtout, on côtoie toutes sortes de gens. On s’adapte au caractère de chacun. Au projet aussi ». Un avis que partage Halimé : « On s’accepte telle que l’on est, cela m’a rendue plus ouverte aux échanges ». Ces ateliers d’arts textiles (où l’on prépare le Grand Bal Blanc, mais aussi d’autres événements comme le Carnaval et Grabuge, portes-ouvertes à la créativité) ne renforcent pas uniquement la fibre artistique des participant.e.s, ils leur permettent aussi de rompre un certain isolement social et de développer un projet personnel. On y cultive la notion d’engagement, le respect mutuel, l’estime de soi, la confiance en soi… Et être amené à montrer le résultat de son travail au cours d’un défilé ouvert à un large public contribue bien évidemment à tout cela.

« Ce défilé permet de rendre public le travail et les efforts de certaines personnes au-delà du groupe qu’elles fréquentent, commente Chris Paulis, docteur en anthropologie à l’ULiège. C’est aussi une manière de reconnaître ce groupe en tant qu’expert, d’« obliger » la communauté à se rendre compte de son existence et de sa valeur positive parce qu’il a produit des choses intéressantes. Cette œuvre de sociabilisation est extrêmement importante à une époque où les sociétés occidentales prônent le droit à l’individu(alité), où domine le chacun pour soi. Les gens ont plus que jamais besoin de rites qui les rassemblent. Des événements codifiés qui marquent les années et saisons, et permettent à tous de se retrouver sur un pied d’égalité, sans différence physique, d’argent, de classe sociale, d’origine, de croyance… Durant un rite, la violence méchante n’existe pas. Tout le monde se montre solidaire. »

Une fête solaire et solidaire

Les fêtes autour de la lumière existent dans toutes les sociétés. « En novembre, la nature meurt. Il fait noir très tôt. C’est la période la plus sombre et angoissante de l’année, relève Fabrice Laurent. D’où l’envie de se rassurer en allumant les lumières, en portant une couleur qui illumine et réverbère, en faisant la fête ensemble. » Demander à tout le monde de se costumer en blanc n’est pas anodin. « Depuis une vingtaine d’années, cette couleur ritualise les rassemblements publics, précise Chris Paulis. En observant ce code vestimentaire, les adeptes du Grand Bal Blanc signifient qu’ils jouent le jeu et en acceptent les règles. Et surtout, ils contribuent activement à ces festivités. Ici, ce ne sont pas cinq-six personnes qui éclairent l’assemblée à l’aide de grosses chandelles, chacun apporte sa part de lumière ; ce qui renforce la dimension à la fois solaire et solidaire de cette fête. »

 

©Ambiance extravablanche

©Ambiance extravablanche

Et l’anthropologue d’ajouter : « Le Grand Bal Blanc observe tous les codes d’un rite païen : il possède une série de règles, fait participer les publics, présente un avant et un après, a sa place dans le calendrier et dans la vie des gens, se renouvelle chaque année… Certains participants sont mis en évidence. Les nouveaux vont être initiés en passant entre les mains des coiffeurs, maquilleurs et costumiers. Un tel rite publique permet de s’inscrire dans une communauté, de la reconnaître et de la défendre ensemble. En s’habillant tous en blanc, on clame que l’on est semblables. En tablant sur la récup’, on rend la participation à ce bal accessible à tout le monde et on pose un acte écologique collectif ritualisé qui rapproche les acteurs et les inscrit dans la participation à un monde meilleur. De plus, on renoue avec la tradition car à l’origine, les déguisements d’Halloween ou des carnavals rhénans, par exemple, étaient confectionnés à partir d’articles que l’on avait chez soi. Grace au travestissement, les participants peuvent s’autoriser à être quelqu’un d’autre. Ils se laissent aller à la fois parce que tout le groupe vit cette folie innocente – la masse entraine et permet de s’y fondre – et parce qu’ils savent que cette magie blanche n’a qu’un temps ». Celui du Grand Bal Blanc… Alors si vous aussi, vous êtes curieux de vivre cet instant féérique, vous savez ce qu’il vous reste à faire ce samedi 3 novembre.