Mieux qu’à la Capitale

Ensemble, fabriquons le Carnaval !

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Depuis des mois, aux quatre coins de Charleroi, des centaines de personnes s’affairent pour rendre la Grande Parade du Carnaval toujours plus attractive, participative et inclusive. Plongée dans les coulisses des préparatifs…

 

L’esprit de la fête

La Grande Fabrique du Carnaval, qui a pris ses quartiers, le 8 février dernier, dans la Grande Salle de l’Eden, c’est une ruche créative qui mobilise, en groupe ou en solo, de nombreux Carolos : artistes en herbe ou confirmé.e.s, membres de maisons de jeunes, de mouvements d’éducation permanente, de maisons médicales ou d’espaces citoyens, adultes en situation de handicap, retraité.e.s, enfants, migrant.e.s, familles à la recherche d’une chouette activité pour se changer les idées… On y vient pour mille et une raisons. Et, généralement, on y revient… parce qu’on y tisse des liens et qu’on y fabrique des trucs sympas. « On sent que les participants ont envie de faire la fête ensemble le 5 mars prochain », confie Sandrine Schenkel, chargée de projets à l’Eden et coordinatrice artistique de la Grande Parade Citoyenne du Carnaval de Charleroi. « L’énergie mobilisée autour du Carnaval est palpable. Chacun est heureux d’offrir une part de lui-même à cet événement en co-construction… Certains font des masques, d’autres créent des corbeaux, tous s’imprègnent de l’esprit du Carnaval. »

Rythmes @Eden Charleroi

Un pour tous…

Tout comme participer au Carnaval, prendre part à la Grande Fabrique, c’est une manière pour les Carolos de faire vi(ll)e ensemble. Comme le souligne Sandrine Schenkel : « Tout le monde apporte sa petite pierre à l’édifice et la Grande Fabrique donne à voir ce processus. Tout d’un coup, on entend tous ces battements de cœur dans un seul et même lieu mais cette dynamique, en réalité, cela fait des mois et des mois qu’elle pulse extra muros dans les districts de Charleroi. » Au total, pas moins de 30 groupes seront de la partie. Et depuis septembre, en effet, les ateliers visant à préparer le Mardi Gras ont repris chez les divers partenaires carnavalesques du Centre Culturel. Des chars sont assemblés. Des centaines de costumes sont imaginés, dessinés, confectionnés. Des chorégraphies sont inventées, des partitions répétées, des interventions scénarisées. Ici, on construit des décors. Là, on trie les tissus et objets qui seront upcyclés dans cette parade engagée, qui vise à affirmer qu’une autre société – inclusive et résiliente – est possible. Partout, on réfléchit à la manière dont on va s’approprier le projet, sans s’y diluer et sans le vampiriser. La Grande Parade du Carnaval se veut plus qu’une simple addition de groupes participants, il y a une dimension à incarner à la fois individuellement et collectivement.

 

Passer à l’action

Ainsi, à la maison médicale de Gilly, en compagnie de la plasticienne Peggy Francart, animatrice à l’Eden, quelques participantes font travailler leur imagination en assemblant des personnages, à partir d’images de plantes, de fruits et de légumes comestibles ainsi que d’éléments architecturaux. « Pour réaliser ces collages, vous pouvez vous inspirer d’enluminures, de portraits de Giuseppe Arcimboldo, de toiles de Jérôme Bosch», propose l’animatrice. « L’idée, c’est de mettre en avant les jardins partagés de Gilly à travers des grotesques urbains. Une fois les modèles créés sur papier, on réalisera des structures en 3D qui serviront de décors ou de déguisements. » Juste après son rendez-vous médical, Nadine, amatrice de scrapbooking, retrouve le plaisir de s’occuper les mains. « Cette activité renforce la convivialité au sein de la maison médicale », commente Anne Félix, infirmière dans ce lieu et porteuse du projet. « C’est un centre de soins mais comme son nom l’indique, c’est aussi une maison de santé, un lieu de vie implanté à Gilly. D’où cette envie de mettre en valeur le quartier afin de travailler le sentiment d’appartenance des habitants. Ces ateliers permettent d’aborder des questions de santé globale dans un climat propice aux échanges. On cherche à mettre les gens en liens (patients, soignants, habitants) mais aussi en projet. C’est important de montrer aux citoyens qu’ils sont capables et ont un pouvoir d’action. »

Atelier Carnaval @Carnaval de Charleroi 2019

Renversement du monde

Cette notion d’empowerment est également au cœur de la mobilisation du groupe Sorcières ! « Le Carnaval, ce n’est pas qu’un moment où l’on sort, où l’on se déguise, où l’on fait la fête. C’est aussi un moment de renversement du monde où l’on peut déconstruire les stéréotypes et se moquer des règles qu’on nous impose, comme le patriarcat ou l’invisibilisation des femmes dans l’histoire », déclare Alexandra Pirmez qui porte le projet. Et Margaux Joachim, également à l’initiative du groupe Sorcières !, d’ajouter : « Participer au Carnaval nous offre l’opportunité d’agir dans l’espace public et de questionner les citoyens sur les problématiques actuelles, dans un contexte informel et plutôt positif. Avec notre groupe de sorcières, nous désirons revendiquer le droit d’exister en tant que femme, sans discrimination, et en respectant les singularités de chacune. »

 

Le plaisir d’en être

Urbanda @Carnaval de Charleroi 2018

Un événement comme le Carnaval, qui se renouvelle d’années en années, permet aussi aux participant.e.s de s’investir sur la durée. Ainsi, la fanfare inter-académies, Urbanda, qui a été créée à l’occasion de ce Big Five, monte en puissance d’une édition à l’autre. « Notre répertoire s’étoffe », approuve Manu Lurquin, qui emmène le groupe. « On s’améliore au niveau de la cohésion musicale, rythmique et humaine du groupe. Les interactions avec le public gagnent en aisance ». Même constat pour Nathalie De Roeck, chef de groupe au service résidentiel pour adultes en situation de handicap intellectuel, Les Oliviers : « Sachant que certaines résidentes qui avaient pris part à la parade carnavalesque l’an dernier en étaient revenues très fatiguées, cette année, plusieurs fauteuils roulants seront mis à leur disposition afin qu’elles puissent s’y reposer à tour de rôles. Pour qu’ils se fondent dans le cortège, ils vont être décorés sur base des propositions des résidentes. Idem pour leurs costumes. L’animatrice de l’Eden, Laurence Vits, les a réellement fait brainstormer en ce sens et ça, c’est génial ! »

 

Venez, les gens !

Tant dans les ateliers préparatoires que dans la Grande Fabrique, l’envie est vraiment de permettre à chacun.e, quels que soient ses moyens, disponibilités et ressources artistiques, d’insuffler sa part créative dans la Grande Parade Citoyenne, sans obligation de défiler le jour J. À la lumière de tout cela, vous aussi, vous vous laisseriez bien tenter ? La Grande Fabrique vous attend… pour une heure, un après-midi, la journée. À vous de voir, tous les coups de mains sont les bienvenus !